Instantané N° 15 octobre 2005

Canaux TRP

Lorsque vous vous rafraîchissez la bouche avec un bonbon à la menthe, vous êtes-vous déjà interrogé sur l’origine moléculaire de la sensation du froid? Probablement pas. Et pourtant un tel processus est indispensable. En effet, depuis les premiers balbutiements de la vie, le plus petit des organismes avait déjà ressenti le besoin d’un mécanisme qui lui permette de différencier le chaud du froid – ne serait-ce que pour éviter des températures extrêmes. C’est une question de survie.

Les humains – comme tous les organismes vivants – sont équipés d’une myriade de cellules sensorielles. Il n’y a pas si longtemps, on a découvert ce qui caractérisait les cellules de la perception de la température. Ce sont des protéines connues sous le nom de canaux TRP, de l’anglais Transient Receptor Potential. Ces protéines transmembranaires forment des pores à travers la membrane et offrent ainsi un passage à de petites molécules, des ions. Les canaux TRP sont dits voltage-dépendants, c’est-à-dire que leur ouverture est liée aux variations du voltage de la membrane. D’autre part, ces canaux sont régulés par des récepteurs. Ainsi, la fixation de certaines molécules sur ces récepteurs va déclencher l’ouverture, ou la fermeture, des canaux TRP. Il en résulte une modification du flux des ions à travers la membrane cellulaire. Grâce à ce mécanisme, un message – annonçant le chaud ou le froid, ou encore le doux ou l’amer – est véhiculé d’une extrémité d’une cellule sensorielle jusqu’à notre cerveau. En réponse, ce dernier va élaborer une réaction appropriée, comme la fuite pour échapper au froid.

La présence des canaux TRP s’étend à tout le règne animal. Les vers tels que les nématodes les utilisent en guise de nez pour détecter des composants chimiques nocifs, les souris pour distinguer les males des femelles grâce à des phéromones, et enfin les humains y ont recours pour à la fois goûter et distinguer le chaud du froid. Chez ces derniers, un canal TPR particulier, le TPRPM8, intervient au cœur-même de la sensation du froid. Il est curieux d’observer que le froid est en réalité défini par des températures comprises entre 8 et 28 degrés Celsius. Le fonctionnement fin de TPRPM8 reste encore à découvrir. Mais, fait intéressant, le menthol stimule son activation.

Ceci signifie-t-il que, devant un bonbon à la menthe, nous devons prendre les jambes à notre cou? Non. Mais ce que cela suggère est que l’hypothèse que les canaux TRP soient stimulés par des molécules – dans le cas présent, le menthol – n’est peut-être pas si loin de la vérité.

  • Transient receptor potential cation channel subfamily M member 8, Homo sapiens (humain): Q7Z2W7