Instantané N° 18 janvier 2006

NOX2

Qui s'y frotte, s'y pique ! Le système de défense de notre organisme est redoutable pour qui désire prendre ses aises dans notre corps. Virus, bactéries, pollen ou encore cellules cancéreuses devront affronter une riposte sans pitié menée par les soldats du système immunitaire, les globules blancs. Mais ces cellules bienveillantes ne peuvent franchir la barrière cellulaire qui isole le cerveau du reste de l'organisme. Comment se défend alors cet organe si précieux ? Grâce au concours de cellules bien différentes des neurones et nommées microglies.

Ces cellules microgliales disposent, entre autres, d'une arme particulièrement offensive, la protéine NOX2. C'est une enzyme logée dans leur membrane et qui produit des radicaux libres. Ces molécules sont particulièrement dangereuses puisqu'elles altèrent les constituants cellulaires et menacent dès lors la survie des cellules qui y sont exposées. D'ailleurs, les bactéries y sont très sensibles, ce qui fait de la protéine NOX2 un outil efficace de lutte contre les infections. Mais au fait, les neurones, y résistent-ils ?

Justement. La valeureuse NOX2 peut être coupable de trahison. C'est bel et bien cette protéine qui est montrée du doigt par l'équipe de Karl-Heinz Krause à l'Université de Genève. Leur étude a effectivement fait la lumière sur sa participation dans une affection dévastatrice, la maladie d'Alzheimer. Cette pathologie se traduit par des troubles cognitifs (1) et comportementaux. Elle est marquée par une perte neuronale progressive associée à l'apparition de dépôts protéiques à l'extérieur des neurones : les plaques amyloïdes. Leur accumulation va alors mettre en éveil les défenseurs du cerveau que sont les microglies. Leur mission ? Démanteler les dépôts amyloïdes. Comment ? En produisant des radicaux libres via la stimulation de NOX2. Mais, renversement malheureux de la situation, les neurones ne peuvent faire face à l'assaut de ces molécules nocives et disparaissent. La découverte importante du rôle de NOX2 dans la maladie d'Alzheimer offre par conséquent un nouvel espoir thérapeutique, tel le ralentissement de l'activité de cette protéine.

Dans les pays occidentaux, la maladie d'Alzheimer est la forme de démence la plus fréquente. Elle atteint essentiellement les personnes âgées de plus de 80 ans et avec le vieillissement de la population caractéristique des pays industrialisés, la maladie d'Alzheimer est en passe de devenir un défi pour la santé publique...

(1) Les facultés cognitives sont l'ensemble des processus par lesquels on acquiert, organise et utilise l'information et les connaissances.

Lire aussi le dossier : "Alzheimer : quand la personnalité s'égare"

  • Cytochrome b-245 heavy chain (NOX2), Homo sapiens (humain): P04839