Instantané N° 54 avril 2009

cobratoxine

La Nature se protège des prédateurs de nombreuses et diverses manières. Les fleurs exhalent des odeurs. Les lions rugissent. Certains êtres vivants faits d’une unique cellule crachent à leur surface des épines en forme de harpons et les serpents injectent du venin. Tout venin renferme un cocktail de substances notamment un poison qui va, soit repousser le prédateur suite à la douleur qu’il inflige, soit le tuer en le paralysant par exemple.

Les neurotoxines sont de tels poisons et sont produites par de nombreux organismes, des abeilles aux scorpions et des poissons globes aux araignées. Quant aux serpents, ils recensent une grande variété de neurotoxines dans leur venin, dont la cobratoxine fabriquée par le cobra à monocle. La forme de cette toxine est caractéristique de celle des alpha-neurotoxines et ressemble à trois doigts dressés, donnant à la protéine l’air de faire un doigt d’honneur.

La cobratoxine injectée, lors de la morsure, diffuse dans l’organisme et va se fixer sur les récepteurs à l’acétylcholine. Ces derniers sont localisés dans les muscles, au niveau des extrémités nerveuses qui ordonnent leur contraction. Lorsque la cobratoxine se fixe au récepteur à l’acétylcholine, elle bloque leur action et conduit à la paralysie musculaire.

Ces trente dernières années, les neurotoxines ont été très utilisées pour découvrir de nouveaux récepteurs à l’acétylcholine. En effet, leur identification peut être très informative dans l’étude de maladies chroniques comme la sclérose en plaques – pour laquelle la cobratoxine pourrait d’ailleurs avoir un effet thérapeutique. Le temps nous le dira. N’est-il toutefois pas étrange que la structure d’une protéine employée comme moyen de défense – telle que la cobratoxine – rappelle le geste d’insulte que les humains utilisent ?

  • Alpha-cobratoxine, Naja kaouthia (cobra à monocle): P01391