Instantané N° 56 juin 2009

twinfiline

Nous considérons notre silhouette comme allant de soi. Cependant sans notre squelette nous serions probablement plats. Les cellules aussi ont une forme caractéristique grâce à leur propre squelette - appelé cytosquelette. Ce cytosquelette est essentiellement fait de filaments qui sont constitués de milliers de molécules d’actine globulaire liées les unes aux autres. Comme pour tout échafaudage, le cytosquelette requiert l’expertise d’ouvriers spécialisés et c’est la protéine twinfiline qui en est le maître d’œuvre.

L’actine est au cœur de nombreux processus cellulaires essentiels, comme l’endocytose, la motilité, la division cellulaire, la sécrétion et la transmission de signaux intracellulaires. Les filaments d’actine ont leur propre dynamique: ils s’allongent à une extrémité et raccourcissent à l’autre et ce, en continu. Ce qui pourrait passer pour une « bio-indécision » est en fait un moyen de régénérer des structures cellulaires vitales. La twinfiline joue un rôle direct dans cette dynamique.

C'est une petite protéine avec 2 domaines globulaires suivis d’un domaine linéaire, qui ressemble un peu à une paire de lunettes qui aurait perdu une branche. Les domaines globulaires peuvent saisir les molécules d’actine libérées à une extrémité du filament les séquestrant ainsi dans le cytoplasme de la cellule. Les monomères d’actine ne sont libérés que lorsqu’ils sont nécessaires à la croissance du filament, mais on ne connaît pas encore le mécanisme exact.

L’actine est vitale et la twinfiline est clairement impliquée dans le contrôle précis de la croissance des filaments d’actine. En effet, ce processus, comme toutes les autres activités cellulaires, doit être maîtrisé et la découverte de protéines régulatrices présente un intérêt majeur. Un simple dysfonctionnement de ces protéines-clefs peut avoir des conséquences graves. Par exemple, une mutation de la twinfiline chez la drosophile produit des individus de petite taille avec une morphologie aberrante des poils. Des mutations semblables chez l’homme pourraient produire des anomalies semblables… Ce qui prouve, s’il en est besoin, la fragilité du tissu de la vie.