Instantané N° 24 juillet 2006

Titine

« Titine, oh ma Titine ! Femme au cœur frivole, Titine est partie sans un geste sans un mot en abandonnant un homme à son désespoir qui n’aura de cesse de la rechercher… » Ecrite en 1917 par M. Bertal et L. Maubon et mise en musique par L. Daniderff, "Je cherche après Titine" est une chanson que Charlie Chaplin rendit célèbre dans "Les temps modernes". Comme en écho à une quête éternelle, Jacques Brel s’inspira de ces paroles drolatiques pour signer "Titine" en 1964. Du Pérou au Gabon en passant par le Tonkin, est-ce bien Titine qui fait courir les hommes ?

Eh bien oui ! A vrai dire, ce qui fait courir les hommes, ce sont sans conteste les jambes et leurs muscles… Quel rapport avec Titine ? Titine n’est pas seulement un diminutif de Martine ou Clémentine mais aussi une protéine qui, justement, abonde dans les cellules des muscles du squelette et du cœur, en particulier.

Le signe distinctif de la titine est sa taille gigantesque. En moyenne, une protéine contient quelque 500 acides aminés ; la titine, elle, détient le record de 34'350, ce qui fait d’elle l’une des plus grosses protéines du vivant ! Un vrai colosse ! Sa structure particulière lui permet de s’associer à différentes protéines du muscle. L’ensemble de ces protéines forme l’unité fonctionnelle de la cellule musculaire, dont le propre est de se contracter puis se détendre au rythme de l’effort musculaire. La titine y occupe une place essentielle. Sa longue structure fonctionnerait comme un ressort qui assure le maintien de l’architecture de l’unité fonctionnelle du muscle malgré les cycles de contractions et étirements répétés. On peut alors imaginer qu’une anomalie dans la titine pourrait affaiblir le muscle. C’est en effet le cas de certains changements d’acides aminés qui sont à l’origine de myopathies ou de cardiomyopathies, fort heureusement rares.

Alors, écoutez la voix de votre cœur et à vos marques !…

  • Titin, Homo sapiens (humain): Q8WZ42