Instantané N° 53 mars 2009

Lactase

Cela n’a pas dû être facile tous les jours d’être l’épouse de Charles Darwin. Le célèbre naturaliste se plongeait des heures durant dans l’élaboration de sa théorie de l’évolution ; et si ses recherches ne lui laissaient que peu de répit, sa santé l’a également beaucoup préoccupé. Dès son retour de voyage sur le Beagle en 1836, il commença à souffrir de crises de vomissements, de maux de têtes, d’eczéma, de flatulences, de palpitations cardiaques, de dépression et de douleurs articulaires – pour ne citer que quelques uns de ses troubles. Tout au long de sa vie, il demanda conseil auprès des médecins qui lui prescrivirent force régimes et médicaments.

Les raisons de la mauvaise santé de Charles Darwin ont intrigué plus d’un chercheur – Darwin lui-même s’interrogeait et tenait un Journal de santé dans lequel il consignait toutes ses observations. Certains ont cru que ses troubles étaient principalement psychosomatiques, tandis que d’autres ont proposé leur origine dans une maladie cardiaque, une neurasthénie chronique, un ulcère intestinal ou même une allergie aux pigeons. Récemment, des scientifiques ont suggéré que Charles Darwin était intolérant au lactose – sucre contenu dans les produits laitiers. En fait, tous les symptômes dont il souffrait semblent correspondre à ce désordre alimentaire. De plus, l’intolérance au lactose peut être héréditaire et plusieurs des membres de la famille Darwin partageaient les mêmes troubles que lui.

L’intolérance au lactose apparaît lorsqu’une enzyme intestinale, la lactase, fait défaut. La lactase coupe le lactose en deux sucres plus petits, le galactose et le glucose, le rendant ainsi plus digeste. Normalement, la tolérance au lactose est progressivement perdue chez les humains après le sevrage. Cependant, elle tend aujourd’hui à persister dans les populations de l’hémisphère nord, là où les fermes laitières se sont développées depuis près de 10'000 ans. Darwin souffrait-il réellement d’intolérance au lactose ? Peut-être. Analyser son ADN pourrait apporter une réponse. Pourtant le fait est là, Darwin n’est plus parmi nous. Mais il a probablement laissé, entre les feuillets de ses notes, un cheveu ou un bout de peau qui aurait sans doute beaucoup à nous raconter...

  • Lactase, Homo sapiens (humain): P09848